Mathématicien arabe,
al-Khuwarizmi fut l’un des membres les plus
importants du Bayt al-hikma, sorte d’institut où le
calife ‘Abbaside al-Ma’mun (ou Ald Allah al-Ma’mun)
avait regroupé hommes et moyens en vue du développement
des sciences. Le Bayt al-hikma, renommé pour divers
travaux, notamment des observations astronomiques et la
mesure d’un degré du méridien terrestre, reste néanmoins
avant tout, aux yeux de la postérité, le lieu où les
traductions d’œuvres étrangères, grecques
surtout, trouvèrent leur impulsion ou leur réalisation.
Né vers 780, Iranien d’origine, Muhammad ibn Musa
al-Khuwarizmi est le type exemplaire de ces savants de l’époque
‘abbaside qui donnèrent à la civilisation
musulmane et à la langue arabe un essor considérable.
Mathématicien, ses travaux sur l’algèbre, l’arithmétique
ont considérablement fait progresser la pensée mathématique.
Il fut le premier à utiliser à des fins mathématiques
l’expression al jabr, dont est dérivé le mot français
algèbre. La version latine (par le traducteur italien Gérard
de Crémone) du traité d’algèbre d’al-Khuwarizmi fut à
l’origine de la connaissance mathématique en Europe médiévale.
Ses travaux sur les algorithmes, terme dérivé de son
nom (Al-Khuwarizmi, est traduit en latin par algoristhmus),
permirent d’introduire la méthode de calcul utilisant
les chiffres arabes et la notation décimale.
Historien, Khwarizmi est connu aussi pour ses travaux
fondamentaux en matière de géographie. Au carrefour des
influences indiennes, iraniennes et grecques, il rédige
son grand livre de Tables astronomiques (Kitab
az-zidj , publié par O. Neugebauer, The Astronomic
Tables of al-Khwarizmi , Copenhague, 1962), dont l’influence,
jusqu’à travers ses traductions latines, devait être
considérable. D’autres ouvrages, sur l’astrolabe
et l’astrologie, complètent cette image du géographe
astronome de l’observatoire de Bagdad. Mais c’est
son livre sur la configuration de la Terre (Kitab
surat al-ard , publié par H. von M´zik, 1926,
reproduction photochromographique, 1963) qui a assuré à
Khuwarizmi l’essentiel de sa gloire. Né de l’atlas
terrestre qu’il établit, vraisemblablement en
collaboration avec d’autres savants et sur la
demande expresse d’al-Ma’mun, dans le cadre du
Bayt al-hikma, le Livre de la configuration de la
Terre témoigne de l’apport capital de Ptolémée.
Il est facile de comprendre pourquoi : l’architecture
terrestre dont cette configuration donnait l’image
se devait d’être mise en parallèle avec (et, si
possible, accordée à) celui que donnait le Coran. Mais
les données de Ptolémée ont été, sur bien des points,
revues et corrigées à la lumière des renseignements
nouveaux que l’extension de l’empire musulman,
du côté de l’Orient surtout, permet d’ajouter
au cadre de l’Antiquité gréco-romaine classique.
Il décède aux alentours de 850.